dimanche 4 décembre 2011

Le nerf de la guerre

A Challes dans les années 70, c'était les planchistes qui devaient noter, outre les heures de décollage et d'atterrissage des planeurs, les temps de remorquage. Cela servait à la facturation, et on payait les remorqués à la durée. Cela conduisait parfois à des discussions sans fin, quand le ou la planchiste avait été un peu distrait(e) et avait oublier de poser l'avion, ou en fonction de sa façon d'arrondir les demi-minutes... Quand plusieurs remorqués s'enchaînaient, on pouvait toujours recalculer le temps entre deux décollages successifs pour défendre sa cause ou son porte-monnaie, mais ce n'était bien entendu pas le cas dès lors qu'il y avait une pause entre deux lancers, et on était parfois bien embarrassé pour étayer une réclamation.
En 1978 un nouveau système est choisi, pour pallier à ce défaut : On définit alors des secteurs de largage, avec une tarification forfaitaire en fonction de ce lieu, et donc généralement de la hauteur de largage. Voici ce que cela donnait, avec en regard la traduction en euros pour vous donner une idée -effrayante- de l'augmentation du coût de la vie :
Zone 1, 1er et 2ème secteur (traduire « secteur pylône » de nos jours) : 12,5 F (2€)
Zone 2, sommet du Mt St Michel et contreforts du Nivolet : 20F (3€)
Zone 3, Peney et Cirques : 40F (6€)
Zone 4, Granier (faces Est) et Margériaz : 60F (9€)
Bon, d'accord, c'était juste avant le Second choc pétrolier, mais ça fait peur quand même !

Ce système ne perdurera pas, car ça n'a pas totalement fait disparaître les discussions de marchand de tapis, pour peu que les planchistes distraits oubliassent de noter où se produisait le largage. La solution était alors de faire appel à d'éventuels témoins du largage, et ne solutionnait pas de toutes manières le cas des remorqués exotiques, ou ceux intermédiaires entre deux zones.

Depuis, on utilise l'horamètre de l'avion, qui n'est pas d'une exactitude totale pour mesurer des temps puisqu'il tient compte du régime moteur, plein gaz ou gaz réduits. Mais au moins a-t-il l'avantage de représenter plus ou moins l'utilisation réelle qui est faite de l'avion remorqueur pour tirer un planeur, vu qu'on consomme le carburant en fonction de la puissance utilisée.

Sans compter que 1978, c'est aussi l'année des premières expérimentations du retour du treuil à Challes, ce qui allait aussi simplifier plein de choses.
Mais ça c'est une autre histoire...

JNV, décembre 2011