Pendant l’hiver 1979-80 la circulaire annuelle de l’Aéro-Club de France concernant les Cadets de l’Air (IACE ou International Air Cadets Exchanges au niveau international) arrive au club de vol à voile. Je connais un peu ces échanges car un copain, Pierre Binvignat, a été sélectionné deux ans auparavant et envoyé en séjour au Canada. A ce moment-là je croyait encore qu’il s’agissait d’échange de jeunes pilotes, ce n’est qu’ensuite que j’ai découvert que dans la plupart des pays participants aux programmes d’échanges, les Cadets sont des espèces d’organismes para-militaires gravitant autour du milieu aéronautique, voire la première marche en conduisant les jeunes membres vers des carrières dans l’aviation militaire de leur pays. Ne sachant pas si mes petites deux cent heures de vol, en planeur exclusivement de surcroît, me permettront de passer la sélection, ni mon niveau d’Anglais relativement moyen (les critères se sont durcis, depuis…), je rempli néanmoins un dossier.
Début 1980 la réponse tombe, je suis pris et séjournerai cet été en Israël. Ce n’est pas une destination à laquelle je m’attendais, mais pourquoi pas ? Pendant les mois qui restent, j’essaie de me documenter un peu (Internet n’existait pas…), bibliothèques et discussions avec une copine qui y a passé l’été dernier à travailler dans un Kibboutz, une ferme collective.Début juillet, ce sont les amis pilotes challésiens qui m’aident à organiser le départ, et particulièrement la montée à Paris. C’est Bernard Mounier, qui doit remonter sur la capitale pour travailler, qui me propose de me déposer.
Le lundi 21 juillet tous les cadets français de cette année ont rendez-vous à l’Aéro-Club de France. Dans les salons feutrés on nous prend à part, Denis Kuntz, vélivole à Thionville-Yutz et moi, les deux envoyés en Israël, pour nous expliquer qu’il ne faut pas être déçus et que cette destination est intéressante… Nous ne sommes d’autant pas déçus que nous ne nous étions pas posé la question en ces termes. Mais il est vrai que tous les autres sélectionnés, qui partent vers les USA, le Canada ou la Grande-Bretagne, et dont beaucoup sont des pilotes avions « anciens » (si l’on peut parler ainsi de pilotes de 19-20 ans…) du Tour de France des Jeunes Pilotes, semblent avoir mis les destinations nord-américaines sur un piédestal. Au retour, à comparer nos expériences bien différentes selon les destinations, il s’avèrera que nous aurons certainement été les mieux accueillis, et en tous cas ceux qui auront volé le plus.
Après une nuit à l’hôtel, nous partons en bus le mardi 22 pour l’aéroport de Melun-Villaroche.
Là nous attend un Nord 262, bi-turbopropulseur, qui nous conduit jusqu’à la grande base américaine de Frankfort-sur-le Main. Nous plongeons dans la cacophonie d’un énorme groupe de cadets de plein de pays. Le soir une petite réception est donnée, le groupe de Français se désagrège et nous sommes regroupés cette fois selon nos destinations, nous rencontrons tous ceux qui vont partir avec nous en Israël : pas mal d’Américains (et Américaines n’est-ce pas Margaret ?), des Britanniques, Canadiens, Belges, Suédois, Norvégiens, Suisses, Autrichiens, Hollandais, Allemands… puis nous dormons à l’hôtel Holiday Inn, un truc immense.
Baker J Weston USA Armstrong Catherine USA
Baker Sara Eve USA
Début 1980 la réponse tombe, je suis pris et séjournerai cet été en Israël. Ce n’est pas une destination à laquelle je m’attendais, mais pourquoi pas ? Pendant les mois qui restent, j’essaie de me documenter un peu (Internet n’existait pas…), bibliothèques et discussions avec une copine qui y a passé l’été dernier à travailler dans un Kibboutz, une ferme collective.Début juillet, ce sont les amis pilotes challésiens qui m’aident à organiser le départ, et particulièrement la montée à Paris. C’est Bernard Mounier, qui doit remonter sur la capitale pour travailler, qui me propose de me déposer.
Le lundi 21 juillet tous les cadets français de cette année ont rendez-vous à l’Aéro-Club de France. Dans les salons feutrés on nous prend à part, Denis Kuntz, vélivole à Thionville-Yutz et moi, les deux envoyés en Israël, pour nous expliquer qu’il ne faut pas être déçus et que cette destination est intéressante… Nous ne sommes d’autant pas déçus que nous ne nous étions pas posé la question en ces termes. Mais il est vrai que tous les autres sélectionnés, qui partent vers les USA, le Canada ou la Grande-Bretagne, et dont beaucoup sont des pilotes avions « anciens » (si l’on peut parler ainsi de pilotes de 19-20 ans…) du Tour de France des Jeunes Pilotes, semblent avoir mis les destinations nord-américaines sur un piédestal. Au retour, à comparer nos expériences bien différentes selon les destinations, il s’avèrera que nous aurons certainement été les mieux accueillis, et en tous cas ceux qui auront volé le plus.
Après une nuit à l’hôtel, nous partons en bus le mardi 22 pour l’aéroport de Melun-Villaroche.
Là nous attend un Nord 262, bi-turbopropulseur, qui nous conduit jusqu’à la grande base américaine de Frankfort-sur-le Main. Nous plongeons dans la cacophonie d’un énorme groupe de cadets de plein de pays. Le soir une petite réception est donnée, le groupe de Français se désagrège et nous sommes regroupés cette fois selon nos destinations, nous rencontrons tous ceux qui vont partir avec nous en Israël : pas mal d’Américains (et Américaines n’est-ce pas Margaret ?), des Britanniques, Canadiens, Belges, Suédois, Norvégiens, Suisses, Autrichiens, Hollandais, Allemands… puis nous dormons à l’hôtel Holiday Inn, un truc immense.
Baker J Weston USA Armstrong Catherine USA
Baker Sara Eve USA
Bilak Kathleen USA
Rivera Farah Porto-Rico
Romanik Elizabeth USA
Stock Margaret USA
Elliot James USA
Bornstein Charles USA
Showers Robert USA
Russegger Michal Austria
Peter Kurt Austria
Lemaire Stéphane Belgium
Delperdange Luc Belgium
Davis Gregory Canada
Gadsby Christopher Canada
Mansvelder, Peter Holland
Keijers, Mathijs Holland
Kuntz Denis France
Most Jörg Germany
Höhn Herbert Germany
Haunes Sven Norway
Havardstun Stig-Rune Norway
Zdolsek Joachim Sweden
Wärnö Marten Sweden
Litchie Rolf Walter Schweiz
Weber Stephan Schweiz
Pickering Andrew GBritain
Thomas Mathew GBritain
Forbes Steven GBritain
Mercredi 23, nous volons vers Israël à bord d’un Boeing 707 d’El Al, ancien appareil d’Air France qui en conserve encore les plaques d’immatriculation à l’intérieur du fuselage. Après un joli survol de la Méditerranée, nous nous posons à Tel-Aviv, aéroport Ben Gurion. C’est vraiment un autre monde, chaleur, végétation, panneaux écrits en Hébreu… Une réception nous attend à Ramat-Gan, dans la proche banlieue (121.000 habitants), où nous serons logés la plupart du temps dans des familles d’accueil. Nos hôtes, pour les deux Français, s’appellent M. et Mme Amizur. Ce sont des gens assez âgés, très gentils et d’une grande culture, originaires d’Europe Centrale (ils parlent 15 langues différentes à eux deux !) et rescapés des camps de concentration. Ils parlent assez bien le Français et nous enseignent vite quelques phrases usuelles d’Hébreu pour nous débrouiller. Les nuits sont très chaudes et nous avons du mal à dormir.
Jeudi 24, premier jour du séjour à proprement parler. Nous visitons les ateliers d’IAI, Israël Aircraft Industries, où sont notamment construits les Kfir, version-copie locale du Mirage. Puis nous visitons l’école des parachutistes, accueillis par un cadre colossal, plus de 2 mètres et taillé comme Goliath, dont on préfère ne pas imaginer ce à quoi il a pu s’occuper lors des récents conflits liés à son pays. Nous dînons accueillis par le maire de Ramat-Gan.
Vendredi 25, nous visitons les caves vinicoles du Mont Carmel (difficile de les persuader que les buveurs d’eau que nous sommes ne peuvent donner un avis « de Français » sur leur production…) puis des grottes à stalagmites.Samedi 26 nous avons une journée libre avec nos familles d’accueil.Dimanche 27, nous assistons sur une base de l’IAF (armée de l’air israélienne) à une course de modèles réduits de planeur, premier stade de la formation locale des « Gadna-Avir », leurs cadets de l’air au sens pré-militaire. Nous partons en bus à la frontière du Liban, voir les « Good Fences » des rangées de barbelés aménagés pour fournir quand même eau et vivres aux populations les plus proches. Repas et visite à une brigade armée à Tibéria. En passant près du Jourdain, certains vont y prendre un bain – paraît-il - purificateur. Soirée et nuit au kiboutz Lavie. (rappel : Israël est un « petit » pays, de 400km de long sur environ 150km de large, et il est rapide d’accéder à un point du pays, en fut-il à l’autre extrémité. Tibéria est en Palestine, au Nord-est du Pays, près du lac de Tibériade traversé par le Jourdain).
Lundi 28 Comme tout n’est pas vraiment pacifié dans le coin, nous circulons en bus mais précédés d’une automitrailleuse. Rassurant… Nous nous arrêtons à Nazareth (célèbre pour ses artisans-charpentiers) puis à Acre (ancienne forteresse de croisés). Nous visitons l’école technique de l’IAF et le soir un cocktail dansant nous y est offert par le commandant en chef de l’armée de l’air.
Mardi 29 : Excursion à Jérusalem. Visite à la Knessett (leur parlement) et à la résidence présidentielle. De retour à Jérusalem, nous avons la chance et le privilège d’être invités à visiter les souterrains qui viennent d’être mis à jour par les archéologue sous le mur des Lamentations, c’est-à-dire les restes de l’ancienne forteresse de l’Antonia, où étaient enfermés les condamnés il y a deux mille ans.
Mercredi 30 juillet Tourisme à Jérusalem. Nous visitons la Via Dolorosa (chemin de croix) devenue souk, le Jardin des Oliviers. Puis nous partons pour Béthléem, Hébron et Beer-Shéva où nous passons la nuit.
Jeudi 31 juillet, Avec un départ très tôt le matin pour éviter les grosses chaleurs, visite et ascension de Massada, piton rocheux célèbre pour sa résistance et son sacrifice. Repas à Ein-Ghedi, sur la Mer Morte où nous allons flotter à défaut de pouvoir y prendre un bain. Puis passage sans tambours ni trompettes à Jéricho avant de retourner dans nos familles d’accueil.
Vendredi 1er août : Tourisme et visite des environs de Tel Aviv, la colline du Printemps.Samedi 2 août : Journée libre avec les familles d’accueil. Nous allons au bord de la Mediterranée nous baigner.
Samedi 2 août Nous quittons Tel Aviv en Dakota (si, si !) pour atteindre Sharm-El-Sheik, à l’extrémité Sud de la presqu’île (et du désert) du Sinaï. Et il fait chaud, à survoler le désert dans une boîte de conserve volante... C’est un territoire habituellement égyptien, mais occupé par Israël lors d’un précédent conflit (guerre des six jours ?). Nous y voyons les vestiges des combats qui ont eu lieu à cet endroit, et on a surtout un point de vue magique sur la Mer Rouge, avec le Golfe de Suez à droite, et le Golfe d’Aqaba à gauche. Nous visitons la base d’aviation locale, puis nous retraversons le Sinaï, pour atterrir à Eilat.
Jeudi 24, premier jour du séjour à proprement parler. Nous visitons les ateliers d’IAI, Israël Aircraft Industries, où sont notamment construits les Kfir, version-copie locale du Mirage. Puis nous visitons l’école des parachutistes, accueillis par un cadre colossal, plus de 2 mètres et taillé comme Goliath, dont on préfère ne pas imaginer ce à quoi il a pu s’occuper lors des récents conflits liés à son pays. Nous dînons accueillis par le maire de Ramat-Gan.
Vendredi 25, nous visitons les caves vinicoles du Mont Carmel (difficile de les persuader que les buveurs d’eau que nous sommes ne peuvent donner un avis « de Français » sur leur production…) puis des grottes à stalagmites.Samedi 26 nous avons une journée libre avec nos familles d’accueil.Dimanche 27, nous assistons sur une base de l’IAF (armée de l’air israélienne) à une course de modèles réduits de planeur, premier stade de la formation locale des « Gadna-Avir », leurs cadets de l’air au sens pré-militaire. Nous partons en bus à la frontière du Liban, voir les « Good Fences » des rangées de barbelés aménagés pour fournir quand même eau et vivres aux populations les plus proches. Repas et visite à une brigade armée à Tibéria. En passant près du Jourdain, certains vont y prendre un bain – paraît-il - purificateur. Soirée et nuit au kiboutz Lavie. (rappel : Israël est un « petit » pays, de 400km de long sur environ 150km de large, et il est rapide d’accéder à un point du pays, en fut-il à l’autre extrémité. Tibéria est en Palestine, au Nord-est du Pays, près du lac de Tibériade traversé par le Jourdain).
Lundi 28 Comme tout n’est pas vraiment pacifié dans le coin, nous circulons en bus mais précédés d’une automitrailleuse. Rassurant… Nous nous arrêtons à Nazareth (célèbre pour ses artisans-charpentiers) puis à Acre (ancienne forteresse de croisés). Nous visitons l’école technique de l’IAF et le soir un cocktail dansant nous y est offert par le commandant en chef de l’armée de l’air.
Mardi 29 : Excursion à Jérusalem. Visite à la Knessett (leur parlement) et à la résidence présidentielle. De retour à Jérusalem, nous avons la chance et le privilège d’être invités à visiter les souterrains qui viennent d’être mis à jour par les archéologue sous le mur des Lamentations, c’est-à-dire les restes de l’ancienne forteresse de l’Antonia, où étaient enfermés les condamnés il y a deux mille ans.
Mercredi 30 juillet Tourisme à Jérusalem. Nous visitons la Via Dolorosa (chemin de croix) devenue souk, le Jardin des Oliviers. Puis nous partons pour Béthléem, Hébron et Beer-Shéva où nous passons la nuit.
Jeudi 31 juillet, Avec un départ très tôt le matin pour éviter les grosses chaleurs, visite et ascension de Massada, piton rocheux célèbre pour sa résistance et son sacrifice. Repas à Ein-Ghedi, sur la Mer Morte où nous allons flotter à défaut de pouvoir y prendre un bain. Puis passage sans tambours ni trompettes à Jéricho avant de retourner dans nos familles d’accueil.
Vendredi 1er août : Tourisme et visite des environs de Tel Aviv, la colline du Printemps.Samedi 2 août : Journée libre avec les familles d’accueil. Nous allons au bord de la Mediterranée nous baigner.
Samedi 2 août Nous quittons Tel Aviv en Dakota (si, si !) pour atteindre Sharm-El-Sheik, à l’extrémité Sud de la presqu’île (et du désert) du Sinaï. Et il fait chaud, à survoler le désert dans une boîte de conserve volante... C’est un territoire habituellement égyptien, mais occupé par Israël lors d’un précédent conflit (guerre des six jours ?). Nous y voyons les vestiges des combats qui ont eu lieu à cet endroit, et on a surtout un point de vue magique sur la Mer Rouge, avec le Golfe de Suez à droite, et le Golfe d’Aqaba à gauche. Nous visitons la base d’aviation locale, puis nous retraversons le Sinaï, pour atterrir à Eilat.
A défaut de retrouver une photo des Dakotas utilisés lors des Cadets de l'Air 1980, voici une reproduction du poster ramené.Ceux qui nous ont trimbalés étaient les 4X-FMJ et 4X-FNA
Apparemment le second vole encore et est devenu N-215CM en 1999 chez Global Aircraft Industry comme avion-cargo. Le premier est au musée de Hatzerim: http://www.primeportal.net/hangar/isaac_gershman/c-47b-30-dk_4x-fmj/
Lundi 4 août A Eilat, nous visitons le port et ses immenses porte-conteneurs. Nous descendons dans un observatoire sous-marin de la vie aquatique, puis nous partons en bateau faire une excursion vers les côtes de la Jordanie. Enfin nous repartons en avion à Ramat-Gan.
Mardi 5 août Sur une base de formation des cadets de l’air, nous sommes invités pour un vol en planeur. Cela se fait sur T31B Slingsby, tirés par un gros Dodge 4x4. Comme le moniteur qui nous emmène a moins d’heures de vol que nous, Denis et moi avons la chance de pouvoir faire le vol aux commandes.
C’est très rapide, montée derrière la voiture, quelques virages et finale en glissade faute d’aéro-freins. Puis nous finissons la journée par du shopping. Soirée d’adieu à Ramat-Gan.
Mercredi 6 août nous repartons en Boeing pour Frankfort, et le voyage retour ressemble en tous points à celui de l’aller. A Frankfort nous quittons nos amis cadets internationaux pour retrouver les Français revenus des autres lieux de séjour, puis nous nous quittons au retour à Paris.
En fait nous nous retrouverons quelques mois plus tard à St Yan, et parfois plus tard et dans d’autres occasions. Mais c’est une autre histoire…
1980: Trajet Melun-Francfort pour transporter le groupe français au regroupement des cadets de l'air avant leur répartition vers leurs différentes destinations, et bien sûr Francfort-Melun au retour.Nord 262-A32 F-BPNS à l'aller, F-BPNT au retour (cette photo).
(texte ré-écrit à partir de mes notes de l’époque, avec certainement des erreurs/approximations)
(texte ré-écrit à partir de mes notes de l’époque, avec certainement des erreurs/approximations)