En 1978-79, alors étudiant à Grenoble, je loge à la Résidence Universitaire Olympique, la R.U.O pour les intimes. C’est un ensemble de petits immeubles, à la limite de Grenoble et d'Eychirolles, faits uniquement de chambres d’étudiants. Ils sont disposés comme une couronne, et un bâtiment bas en orne le milieu, le « foyer » où l’on peut aller se restaurer sommairement, car il n’y a pas de restaurant universitaire dans ce coin, un peu paumé par rapport à la vie estudiantine grenobloise. Des soirées dansantes sont organisées une fois par semaine au foyer, ce sera l’occasion d’apprendre quelques premiers pas de rocks. Pour manger il y a une autre solution, traverser le boulevard qui borde l’ensemble de la résidence au sud, pour aller vers le centre commercial de Grand’Place, alors tout moderne, avec un magasin Carrefour et sa cafétéria. Pour se distraire, en allant juste après vers le centre de congrès Alpexpo, il y a également des salles de cinéma, tout ça à portée de marche à pieds.
Bien sûr j'apprends vite que la R.U.O. porte ce nom parce que ces bâtiments avaient été construits pour héberger des participants aux Jeux Olympiques de 1968. Par contre, ce qui m’intrigue, c’est dans le hall d’entrée de la résidence cette grande carte murale un peu ancienne représentant « l’aérodrome Jean Mermoz ». Je ne suis pas encore habitué à m’orienter par ici, mais je vois bien que ça ne doit pas être très loin. C’est un mystère, car on ne voit jamais d’avions décollant ou atterrissant aux alentours, ce qui devrait être le cas quand on habite près d’un aérodrome. Mais chaque fois que je passe dans le hall, la carte est bien là, comme à me narguer…
Alors je décide d’en avoir le cœur net, et au cours des semaines qui suivent j’utilise le seul moyen de locomotion autonome dont je dispose, mon vélo, pour sillonner les alentours à la recherche d’un indice. Même si cet aérodrome ne fonctionne plus, ou très peu, on doit pouvoir trouver les deux pistes en croix que nous présente le plan, quelque part…
Je demande aussi aux alentours. Mais ce n’est pas vraiment un quartier où logent les gens depuis des années, et je ne trouve pas. Je ne vais rester qu’un an ici, et repartirai avec une petite frustration, de ne pas avoir trouvé la clef du mystère.
Ce n’est que des années plus tard que j’ai trouvé l’histoire de cet aérodrome, désaffecté avec l’extension de la ville de Grenoble, et fermé peu de temps avant l’organisation des jeux olympiques. Cet aérodrome dont les terrains ont été récupérés pour bâtir le village olympique de 1968, et qui deviendra par la suite… Alpexpo, Grand’Place et la Résidence Universitaire Olympique !
Je ne pouvais pas trouver cet aérodrome, je logeais dessus…
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