Après un tour de piste de prise en main à bord de cet appareil, il commence le travail sur la pente, pendant une heure au minimum. Ce travail de pente s’effectue sur trois secteurs différents, situés en bordure du terrain. Le meilleur rendement est obtenu de ces pentes par vent orienté Nord-Ouest.
Le départ s’effectue au treuil. Le pilote accroche sur le secteur n°1, qu’il doit aborder à une altitude minimum de 180 m. Il s’élève jusqu’à 350 m et passe sur le secteur n° qui lui permet d’atteindre une altitude de 500 m. Le 3ème secteur est alors abordé avec une altitude de 500 à 600 m.
Après avoir effectué son heure de vol de pente sur Castel 301, l’élève recommence le même travail à bord d’un Emouchet. Après quelques heures d’accrochage sur la pente, il est prêt à tenter son épreuve de durée du Brevet D : 5 heures de vol. Vers cette époque, il fait connaissance avec le Grünau. Il est alors repris en double commande par son moniteur, afin de préparer son lâcher en vol remorqué sur ce planeur.
Il ne lui reste plus qu’à totaliser des heures, parfaire son pilotage et essayer des épreuves d’altitude et de distance du Brevet D. Si la première n’offre pas de difficultés majeures, les 1000 mètres étant fréquemment atteints à Challes, il n’en va pas de même pour la distance qui, dans cette région très « mal pavée », constitue une entreprise assez délicate. Maintenant que vous êtes familiarisés avec le travail effectué, examinons si vous le voulez le déroulement de la journée classique d’un stagiaire. Lever à 7 heures et demie, suivi entre huit heures et huit heures et demie du déjeuner. « L’homme du jour », un stagiaire responsable du travail au sol pour la journée, répartit ensuite le travail entre les élèves : garde des appareils pendant le repas, conduite des voitures de piste, aide aux mécaniciens, etc . Les appareils sont alors mis en piste et, vers dix heures, les premiers vols commencent.
Les élèves lâchés effectuent des départs au treuil et des tours de piste, tandis que ceux qui volent encore en double commande s’entraînement sur C800 aux prises de terrain. C’est également le matin que se font généralement les prises en main d’appareils, avec toujours départ au treuil.
Les vols, interrompus pour le repas de midi, reprennent vers 14 heures. Si le vent est favorable, nous pouvons assister au « grand cirque » sur la pente : L’on peut voir parfois 10 planeurs évoluer simultanément. Les pilotes ont alors intérêt à ouvrir l’œil et à suivre fidèlement les consignes de piste.
Les vols cessent en principe à 20 heures. La pente portant à partir de midi, les pilotes ont donc largement le temps d’effectuer leur épreuve de durée de 5 heures du Brevet D. Avant de pouvoir prendre leur repas du soir, les stagiaires doivent encore rentrer les appareils sous les hangars.
Vous pensez bien qu’après une telle journée, les appétits sont aiguisés. Aussi, le dîner est-il accueilli avec enthousiasme : un vrai repas des fauves. Tous les repas se déroulent selon un rite sacré. Les stagiaires, qui ont élu parmi eux un Président, ne sont autorisés à manger qu’après un avis favorable de celui-ci. Une réglementation sévère règle l’ordonnance de ces repas et des amendes viennent punir les contrevenants. Ces amendes permettront de subvenir aux frais du banquet de fin de stage.
Le dîner achevé, les stagiaires rejoignent les dortoirs. C’est l’heure du « discutage de coup » :- T’aurais vu ça, pas moyen de descendre. Volets ouverts, c’était du 70 au badin et du 0 au vario.- Tu as vu mon atterrissage…Petit à petit, le calme se fait. Un dernier bavard se fait rappeler à l’ordre par ses camarades à moitié endormis.- Boucle-là, on dort !
Le silence est maintenant total. Un sommeil peuplé de planeurs, d’ascendances et de pentes leur permet de refaire leurs forces et de préparer la journée du lendemain.
Pierre BONNEAU, paru dans « Décollage » du 21 août 1947 et repris dans le numéro de 2001 de la revue "Albert" http://www.new.facebook.com/note.php?saved&&suggest¬e_id=70399041927#/note.php?note_id=60032521927&id=813491854&index=9