Et dire qu’on ose se plaindre !
Suite aux récentes remarques et plaisanteries que nous avons faites à propos du récent changement de l’appellation officielle des pistes à Challes (QFU 33/15 devenus 32/14), Michel Léveillard, notre Cap’tain Mike préféré, m’a envoyé quelques remarques sur la déclinaison magnétique.
La déclinaison magnétique, rappelons-le, est la différence d’orientation que présentent en un endroit donné le Nord géographique (le pôle Nord) et le Nord magnétique (l’axe du champ magnétique régnant autour de la Terre). Vu de très loin la planète ressemble un peu à un aimant, avec deux pôles opposés. De plus près, le Nord géographique et le Nord magnétique ne sont pas exactement confondus, et en plus ça change avec le temps, l’axe du champ magnétique se baladant autour de son cousin géographique.
Quand on se place à nos latitudes moyennes, la différence est actuellement quasi-nulle mais elle bouge bien un peu au fil des années. C’est pour cela que l’orientation d’une piste, qui est mesurée par rapport au Nord magnétique, peut varier avec le temps alors que la piste ne bouge pas. Si l’on mesure celle de la piste de Challes, on trouve 324° en ce moment. Arrondi pour ne garder que les deux premiers chiffres, on est bien à 32 (et bien sûr 14 pour 144° dans l’autre sens). Capt’ain Mike nous dit qu’entre le début de ses vols à Atlanta en 1963 et son dernier atterrissage en 1989, la déclinaison magnétique avait varié de 4° !
Mais le plus drôle, vous l’imaginez bien, est de voler précisément en région arctique, car alors on peut très bien se diriger droit vers le Nord géographique, et avoir le Nord magnétique pointant vers le bout d’une aile…
Michel Léveillard a beaucoup volé dans ces régions polaires, et particulièrement à Thulé, au Groenland. Eté comme hiver, il posait son 727 sur une grande patinoire blanche, et il n’a jamais vu comment était exactement la piste et comment elle se présentait « sèche » !
A Thulé, la déclinaison magnétique était de 75° Ouest !
Selon lui, c’était le cirque avec tous ces calculs à faire pour ne pas perdre le Nord. Les pilotes s’alignaient sur la piste en envoyant au diable le compas devenu fou.
Voici la carte d’approche de Thulé
Et une photo prise du poste « par beau temps »…
Merci Cap’10 pour ce témoignage rafraichissant !