vendredi 15 mai 2009

Jean Devavry, notre Bébé Rose

Article écrit par Pierre Pellier pour le magazine Albert de 2002Il y évoque le décès, peu de temps auparavant, d'une des figures du vol à voile challésien des années 80 à 2000, "Bébé Rose"
"Au début de l’année 1977, le CSVVA organise un stage de vol à voile avec la collaboration du CLAP. Pour aider notre activité, le CLAP met à notre disposition un instructeur, Gilbert Jacquet, dit « Philo », et un pilote remorqueur, Jean Devavry.Jean DEVAVRY n’est pas un inconnu. Très célèbre dans le monde du CLAP, il est également un modéliste de renom dont les plans sont utilisés un peu partout en France. Mais Jean est également vélivole. Originaire de Vendée, il fréquente assidûment les terrains de vol à voile et de vol à moteur (Niort, Le Puy en Velay, St Auban, Chalons sur Marne). Au Puy en Velay, il vole avec un certain Jacques Lapeyre, qui deviendra adjoint au maire, chargé des sports, à… Chambéry.
A St Auban et à Challes (déjà), il suit une formation d’instructeur, fonction qu’il exercera peu de temps. Instituteur dans la Marne, ses qualités en aéromodélisme le font bien vite détacher à la Fédération des Oeuvres Laïques, où il devient responsable de l’aéromodélisme pour le département de la Marne.
Mais voilà donc notre Jean, jeune retraité de l’Education Nationale, qui découvre le CSVVA en juillet 1977. Très vite sa gentillesse, son teint frais, son discret sourire sous sa moustache, mais aussi son éternel polo rouge délavé lui valent le surnom de Bébé Rose. Ce surnom lui va si bien que, bientôt, son nom devient inconnu de tous les Challésiens. Pour tous, Jean Devavry est maintenant Bébé Rose.
Pendant de nombreuses années, remorqueur apprécié, il participe au lancement des planeurs, puis, sa tâche effectuée, prend son plaisir à bord des planeurs du club, survolant les montagnes de Savoie, appréciant le calme des longs vols solitaires.
Complètement intégré à la vie du club, sans relâche, il nous apporte son aide, que ce soit à la menuiserie où il excelle, au développement des photos de circuit, à l’entretien des bâtiments, à la culture des massifs de fleurs, autour de la cantine ou du bureau.
A l’automne de sa vie, sa sagesse l’amène à cesser les vols en monoplace. Mais sa générosité naturelle le pousse à rendre encore de multiples services au club, que ce soit au labo photos, en piste où il tient la planche ou auprès des rosiers, des tulipes ou des pétunias auxquels il apporte tous ses soins. A 75 ans, nous pouvions encore le voir sur le toit du B3, occupé à changer les ardoises défaillantes.
Mais les qualités de Bébé Rose ne sont pas seulement techniques. Toujours discret, son regard est toujours tourné vers les autres. Grand observateur, il sait rapidement analyser le comportement de chacun et en définir les traits les plus caractéristiques. Chacun peut d’ailleurs toujours admirer ses nombreuses photos de vélivoles, soigneusement gardées au bureau du club. Amoureux du beau, son sens de l’esthétique n’est jamais mis en défaut.
Attentif à tout, son regard sait voir ce qui échappe à beaucoup, ce qui lui permet de nous faire de nombreuses suggestions. Mais très souvent, son altruisme et sa discrétion nous font découvrir ce qu’il a déjà réalisé de lui-même, sans bruit, sans publicité.
Le soir, à la cantine, après les longues journées de vol, combien de fois, en petit comité, tu nous as régalés de longues discussions philosophiques sur le monde, qui, il est vrai, n’est pas souvent au niveau où tu l’aurais souhaité.
Mais Bébé Rose, tu nous as quittés, sans bruit, discrètement, au mois de février 2002, sans nous faire part de tes souffrances.
Pour nous, tu n’es pas parti en poussières. Si tes cendres reposent maintenant au bord de la Marne, ton esprit est toujours près de nous. A Challes, tu restes complètement présent. Ta caravane, Esméralda, le cerisier que tu as planté, les fleurs, la planche de vol, tout nous ramène à toi.
Le printemps prochain ne nous permettra pas de te revoir arriver au volant de ta BX, nous ne te verrons plus, au milieu de l’après-midi, approchant du starter de piste sur ton éternel vélo.Mais tu peux être certain que tous les Challésiens te gardent leur affection, te gardent présent dans leurs cœurs, toi qui as su si discrètement les aimer.
Pierre Pellier"
Note: CLAP = Cercle Laïque d'Aviation Populaire organisme dépendant de la Fédération des Oeuvres Laïques et destiné à amener les jeunes à l'aviation par la pratique initiale de l'aéromodélisme.Personnellement, et comme pas mal d'autres à Challes, c'est comme celà que j'ai commencé.A Challes l'aéro-club "Les amis du CLAP 73" est à l'origine un regroupement d'anciens modélistes clapistes.
J'ajouterai que le modéliste que j'étais encore un peu a été tout fier un jour de faire le lien entre bébé Rose que nous cotoyions tous les jours et cette signature "Jean Devavry" que l'on trouvait sur les plans de planeurs de vol libre que nous avions construits auparavant. Et c'était encore plus évident quand, de temps en temps, il sortait sa caisse de transport, l'ouvrait, y prenait un modèle à lui gardé ainsi pendant un semestre, voire une année ou deux, le montait rapidement et, sans avoir besoin d'y retoucher le moindre réglage, le lançait pour un vol bien supérieur aux nôtres...Voir http://clap54b.free.fr/vollibre/construireplaneur/construire.htm ethttp://clap54b.free.fr/vollibre/Progressionplaneurs/progression1.htm
Le surnom lui collait tellement à la peau que, lorsque des gens de sa famille passaient quelquefois au terrain, ils demandaient à voir "Bébé Rose" sachant très bien qu'ils avaient ainsi plus de chances qu'on leur indique rapidement où il se trouvait, plutôt que s'ils avaient demandé "Jean Devavry"...Pour les planchistes des années 2008, 2009... vous tenez toujours le registre des vols sur des planches réalisées par lui, vous vous asseyez en piste sur les bancs qu'il a posés, lorsque vous allez au bureau ce sont les rosiers qu'il avait plantés qui embaument l'entrée, et ce sont les fruits du cerisier qu'il avait planté qui régalent les gourmands du camping.
Et quant à Gilbert Jacquet, dit "Philo" dont il est fait également mention par Pierre en début d'article, c'était l'auteur d'un livre qui faisait référence quand le "livre bleu" n'existait pas encore: